NATSUO KIRINO ( 1951 – )
‘Il faut aller du côté des femmes pour dénicher la nouveauté dans le polar japonais contemporain. Avec Shizuka Natzuki tout d’abord. Née à Tokyo en 1938, on la découvre en France en 1987 avec Meurtre au Mont Fuji et surtout La Promesse de l’Ombre, un roman social décrivant les dérives d’une fabrique japonaise de biscuits cancérigènes pour enfants. Mais aujourd’hui, c’est Natsuo Kirino qui séduit les lecteurs français avec Disparitions, Out ( 2005 ) prix des auteurs japonais de romans policiers 1998, Monstrueux ( 2007 ), des thrillers très noirs parlant de marginaux et de descente en enfer, de rapt d’enfant et de racisme. Les romans sont violents, sanglants, mais l’auteur révèle de l’empathie pour les victimes d’une société nipponne en pleine déliquescence. Intrusion, paru fin 2011, est une belle enquête littéraire, avec une héroïne écrivain. Introspection, jalousie, mensonges, ce livre est plus un roman noir qu’un polar, mais induit un sentiment d’étouffement et de frayeur diffuse.’ L’Express
Dans Le démon de l’île solitaire – Kotô no Oni ( 1930 ) , Edogawa Ranpo exploitait déjà le thème de la frayeur, l’épouvante extrême capable de faire blanchir en un instant les cheveux sur la tête de son narrateur à l’âge de 30 ans, comme ce fut le cas d’un américain qui a survécu à la descente des chutes du Niagara enfermé dans un tonneau…
Disparitions ( 2002 ) – Yawarakana hoho ( 1999 )
A dix-huit ans, Kasumi monte dans un bus et fuit la maison familiale pour tenter sa chance à Tokyo. Après quinze ans d’absence, elle revient pour quelques jours à Hokkaido. Mais plus elle se rapproche de cette région inhospitalière de montagnes rudes et de mer grise, plus elle éprouve une inquiétude diffuse. Peut-être est-ce parce qu’il y a, toute proche, cette ville natale qu’elle a oubliée.
Est-ce l’incongruité de la situation dans laquelle elle se trouve, dans cette voiture, entre son mari, ses enfants et son amant ? Ou ressent-elle confusément résonner entre ces montagnes écrasantes tous les signes de la tragédie à venir : la disparition inexplicable de sa petite fille… Commence alors pour Kasumi une lente dérive, une enquêté désespérée au cours de laquelle elle recevra l’aide inattendue d’Utsumi, un ancien inspecteur de police.
L’Express
Pour ce livre, Natsuo Kirino a reçu le Prix Naoki.
Intrusion ( 2011 ) –
Les personnages sont frustrés, fragiles, indécis. Leur créateur les considère avec distance. La violence, beaucoup moins apparente que dans Out ou Monstrueux, les deux célèbres romans de Natsuo Kirino, n’en est pas moins implacable. Le Monde
L’Ile de Tokyo ( 2013 ) – Tokyo-jima ( 2008 )
Ce livre n’est pas à proprement parler un polar. L’arrivée sur une île déserte ou presque de japonais et de chinois n’est pas sans rappeler Sa Majesté des Mouches de William Golding -1983 – où s’affrontent des enfants naufragés.
Une vingtaine de naufragés japonais se sont réfugiés sur une île au large des Philippines. Kiyoko — la seule femme présente — y est arrivée la première, avec son mari (mais il a disparu, tombé du haut du cap Sayonara, avant même le début du livre). Bientôt une dizaine de Chinois les rejoignent, qui se révèlent aussitôt industrieux et inventifs, créant une économie de survie à partir de presque rien, là où les Japonais gaspillent leur énergie en artisanat décoratif et vaines activités.
Bien qu’âgée de 46 ans déjà, Kiyoko est l’objet de toutes les convoitises, et fait figure de femme fatale car tous ses maris successifs sont assassinés. La rivalité qui oppose les deux clans, chinois et japonais, n’est pas seulement économique… Les insulaires mènent une vie sauvage et primitive et leurs rapports se dégradent au fil du temps…
Parmi les nombreuses récompenses qu’elle a reçues on peut noter le Prix Edogawa Ranpo en 1993 pour son premier roman Kao ni furikakaru ame
Bonne lecture. Bon voyage.