Une rue sombre, une bande de jeunes. Garçons et filles, reviennent d’un concert, ils ont bu de la bière toute la soirée. Ils déambulent, rient, se bousculent, s’interpellent bruyamment. Le quartier est glauque, ça sent le prolo et le chômage de longue durée à plein nez, l’unique lampadaire déverse une pâle lumière. La misère, le manque de tout, le no future accentué par la nuit sans lune, tout cela leur sauterait au visage s’ils n’étaient pas tous complètement saoules. Y en a un qui pisse sur le mur de la maison, l’autre qui vomit sur le trottoir mais ils continuent à rire ; une soirée banale. Ils vont bientôt rentrer, attraper le dernier bus sur l’avenue. Encore un samedi sur la terre comme chante Cabrel, mais eux ils ne connaissent pas et ils s’en fichent, ils en ont plein les oreilles des Daft Punk ou de Maître Gim’s.
Ils sont presque au bout de la petite rue, ils vont déboucher sur l’avenue. Mais là, au numéro 28, une fenêtre s’éclaire au premier étage. On entend un hurlement, un homme apparaît :
— C’est pas bientôt fini ce bordel, bande de petits morveux !
Les jeunes s’amusent, se moquent, y en a un qui fait un bras d’honneur. Les filles se sont assises par terre, elles ne tiennent plus debout.
La lumière s’éteint mais la fenêtre reste ouverte. Un canon ! L’homme vient d’épauler une arme et hurle de nouveau.
— Vous allez voir bande de tarés. On se fout de ma gueule, hein ? Ce soir c’est feu d’artifice !

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