DAVID PEACE ( 1964 –         )

David Peace est un écrivain anglais né en 1967 à Osset dans le West Yorkshire. Il se fait connaître en France au début des années 2000 avec la publication du Quatuor du Yorkshire (1974, 1977, 1980 et 1983). Cette œuvre étrange, d’une noirceur et d’un pessimisme rarement égalés, installe Peace comme l’un des auteurs les plus originaux du ‘néo polar’ anglais. Inspirée de l’affaire de l’éventreur du Yorkshire, qui défraya la chronique à la fin des années 1970 jusqu’au milieu des années 1980, cette suite à l’intrigue tortueuse et torturée, peuplée de criminels sexuels et de marginaux, de flics brutaux et corrompus, n’est pas sans rappeler le Quatuor de Los Angeles de James Ellroy, l’un des maîtres de Peace. Nous aurons l’occasion dans un autre volet de notre voyage de reparler du début de la carrière de David Peace…Son style déréglé, obsessionnel, lyrique jusqu’à l’outrance et d’une cruauté parfois insoutenable, va même jusqu’à rappeler un Sade ou un Lautréamont. Une de ses marques de fabrique réside dans son utilisation et expérimentation croissantes du courant ou flux de conscience, afin de dépeindre textuellement l’errance et la descente aux enfers de ses personnages.

Peace signe ensuite GB 84, roman très politique sur les années Thatcher…

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Avec Tokyo année zéro, premier volume d’une trilogie annoncée sur le Japon de l’après-guerre, David Peace offre un portrait saisissant de la société japonaise d’après la débâcle, entre la reconstruction d’un pays totalement détruit, et le poids de la culpabilité pas encore assumée par ceux qui ont fait, et perdu cette guerre.

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Tokyo ville occupée, le deuxième volume, donne la parole aux morts après l’affaire Sadamichi Hirasawa, dans un hommage au film Rashōmon.

David Peace vit et travaille depuis de nombreuses années à Tokyo, où il est installé avec sa famille.

Tokyo année zéro ( 2008 ) – Tokyo Year Zero ( 2007 )

Août 1945, Tokyo n’est plus que ruines. Les immeubles sont éventrés, les canalisations ont explosé, les habitants se sont réfugiés dans des abris de fortune, l’empereur va signer la capitulation. Dans cette atmosphère de fin du monde, l’arrivée d’une dépêche au bureau de la Première Division criminelle passe presque inaperçue. Qui s’intéresse à la présence d’un corps de femme dans un dépôt de vêtements de l’armée ? L’inspecteur Minami se charge de l’enlèvement du cadavre. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que cette macabre découverte n’est qu’un prélude. Un an plus tard, les jeeps des Vainqueurs sillonnent la capitale d’un pays toujours exsangue. Le 15 août 46, un cadavre de femme est signalé dans le parc de Shiba. Au cœur d’une clairière, gît une jeune fille âgée d’une vingtaine d’années ; un morceau de tissu rouge lui enserre le cou. Dépêché sur les lieux, Minami fait les premières constatations et ne tarde pas à découvrir un second corps, presque réduit à l’état de squelette. C’est le début d’une affaire qui, pour l’inspecteur, prend aussi la forme d’une quête de sa propre identité, perdue dans le désordre de la guerre. Premier volume d’un cycle consacré à la ville de Tokyo après la Seconde Guerre mondiale, ce roman s’inspire d’un fait divers criminel. Pour David Peace, c’est le point de départ d’un thriller palpitant, saisissant, où l’on croise les pas d’un homme hanté par la mort et la culpabilité. Cette « année zéro », c’est aussi celle de la défaite, la table rase à partir de laquelle il faudra tout reconstruire. En ce sens, David Peace, plus ambitieux et visionnaire que jamais, nous propose une superbe fresque sur la naissance du Japon moderne.                   Babelio

 

«   La construction du récit est […] assez déroutante. Pas ou peu de ponctuation, l’auteur choisit aussi d’écrire les pensées du personnage principal, ce qui donne un mélange plutôt confus pour le lecteur.*** Bref, un roman qui je pense est assez difficile d’accès mais qui plaira sans aucun doute aux amateurs de romans noirs

Lien : http://missmolko1.blogspot.i

 

Tokyo ville occupée ( 2010 ) – Occupied City ( 2009 )
Par une nuit d’hiver, un écrivain court à perdre haleine dans les rues de Tokyo. Une ville peuplée de survivants et de fantômes, dévastée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Une ville où le crime a frappé. Le 26 janvier 1948, un homme se présente dans une succursale de la Banque Impériale. Il dit être un médecin envoyé par le ministère de la Santé pour procéder à une vaccination du personnel à cause d’un cas de dysenterie signalé dans le quartier. Il sort deux flacons de sa sacoche, en transfère le contenu dans des bols à thé et ordonne aux seize employés d’avaler rapidement le liquide. Ces derniers ne tardent pas à se tordre de douleur ; douze d’entre eux succomberont. A partir de cette terrible affaire, l’écrivain veut faire un livre. Pour cela, il va convoquer les voix de douze personnages liés au drame ; à travers des carnets, des lettres, des récits, des souvenirs, il tente de ressusciter les morts et d’atteindre la vérité. C’est ainsi qu’il nous entraîne dans une quête vertigineuse et nous fait entrevoir les dessous proprement effroyables du massacre de la Banque impériale. Fidèle à sa méthode, David Peace part d’une affaire criminelle réelle dont il propose une interprétation terrible, renvoyant à l’histoire du Japon. Structuré autour de douze points de vue, à la manière du Rashomon de Kurosawa, ce livre fascinant est totalement habité par la voix des personnages autant que par celle de l’auteur dont la virtuosité stylistique est à son apogée.                                                                                                   Babelio

 

***David Peace est un poids lourd de la littérature. Son style novateur peut dérouter. L’utilisation du ‘stream of consciousness’[ flux de conscience ] développé par Virginia Woolf et Henry James nous place au cœur des préoccupations et sollicitations visuelles, sonores du personnage principal, du déroulé mental de la vie réelle avec ses répétitions, ses actions manquées ou retardées, simultanées, secrètes, ses périodes d’excitation ou de déprime… David Peace ne prend pas le lecteur par la main. Son écriture secoue. David Peace livre une réalité souvent brute à laquelle nous sommes rarement confrontés quand nous lisons. Il faut donc s’habituer, apprendre à ‘vivre’ le roman et ne pas succomber à l’envie de sauter des lignes, voire des pages, apprendre à lire au rythme de la vie du personnage central. En récompense, une plongée étourdissante dans un Japon pulvérisé à la sortie de la deuxième guerre mondiale.

 

Bonne lecture. Bon voyage.